Il l'a joué au moins six fois, et ces six fois j'étais là, à l'écouter, encore et encore, sachant à chaque fois que je souffrirais quelque peu, mais je semblais aimer cette douleur.
Je suis retournée à ma place, lui, n'est pas sorti et ne joue d'aucun instrument puisque je n'en entends pas.
La porte s'ouvre sur lui, il se tourne étonné de me voir seule. Je fuis son regard, j'ai l'impression d'avoir fait une bêtise. Ma main gauche essaye autant qu'elle le peut de cacher mes yeux. Je fais mine d'avoir une poussière dans l'oeil.
Tom : Y a un problème ? Pourquoi tu pleures ?

Je lève la tête et le regarde, ses yeux semblent légèrement rouges.
Moi : Pourquoi TOI tu pleures ?
Tom : J'pleure pas du tout.
Moi : Très bien, moi non plus !

Quelle discussion ! Il rejoint le canapé sans m'en demander plus. Le silence s'installe très vite et me déstabilise. Je me racle la gorge pour le briser, il lève la tête. Nous jouons à ce petit manège plusieurs fois, ne cherchez pas, il n'a aucun sens.
Je m'apprête à recommencer quand le grincement de la porte brise pour moi le silence. Jessica et Bill entrent.
Jessica : Je nous ai ramené à manger !!!
Bill : Et moi j'ai trouvé une chambre.
Moi : Merci Jess, et Bill c'est quoi le numéro de la chambre ?
Bill : C'est la 337.

La 337. Ce c*n l'a fait exprès, à tous les coups. Comme par hasard la chambre voisine de l'autre. Mes yeux alternent entre Jessica qui sourit et Bill qui semble fier.
Bill : Pourquoi tu tires une tronche pareille ? J'ai mis du temps à trouver cette chambre !

Un rire m'échappe, accompagné de mouvements de tête. Il est tellement prévisible, tout le monde a dû comprendre.
Moi : Bon ça va...

Il me répond par un grand sourire, ce fameux sourire à 32 dents !
Bill : On mange ?
Jessica : Oui, Georg arrive, il m'a envoyé un message, il va chercher Gustav.

Je les aide à dresser la table. Nous nous y installons tous une fois Georg et Gustav arrivés. Le déjeuner se passe en silence à part quand Bill daigne ouvre sa bouche. On ne l'arrête plus, une vraie pipelette !
Bill : Alors, Tom, tu as enregistré quoi ?
Tom : Hum, Zoom, mais c'était au piano et pas à la guitare.
Bill : Mais ça sert à rien, cette version ne figurera pas sur l'album, on est super en retard pour la sortie, donc il faudrait quand même que l'on bouge.
Moi : Moi j'aurais besoin d'une thématique pour l'ambiance que vous voulez pour vos peintures, ainsi que pour la pochette de l'album.
Tom : De toute façon, il faut déjà que nous choisissions quelles chansons nous allons sélectionner et ensuite sortir la thématique de tout ce lot de chansons.
Georg : On fait ça cet aprèm.

Les quatre se regardent et acquiescent.
Jessica : Bon, dans ce cas je vais rester avec Déa.
Moi : Déa ? Alors Jess !
Georg (l'embrassant) : Ca me fait plaisir de savoir que tu t'es fait une amie.
Gustav : Moi aussi je suis content, tu commences à t'y faire à cette vie.
Moi : Oui, je...

La sonnerie de mon portable retentit, je décroche.
___ : Allô, ma puce !

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La sonnerie de mon portable retentit, je décroche.
___ : Allô, ma puce !
Moi (hurlant) : ALEX !!!
(EN FRANCAIS)
Alex : Oui, ça va ?
Moi : Ca va comme on peut, et toi ?
Alex : Rien de spécial, à part que...
Moi : Que quoi ?
Alex : JE VIENS TE REJOINDRE DANS TROIS SEMAINES !
Moi : Non.
Alex : Comment ça, non ?
Moi : Je veux dire... laisse ça ne sert à rien, ne t'inquiète pas !
Alex : Oh ! Si tu dis ça c'est qu'il se passe quelque chose et tu ne veux pas que je m'en occupe. De toute façon que tu le veuilles ou non, dans trois semaines je suis là.

Biiip.... biiiip....biiip

Il a raccroché. Je dépose mon téléphone sur mes cuisses et me masse le crâne. Aucune question, en même temps, ils n'ont rien compris. Je lève le tête, ils me regardent tous, leur fourchette à la main, à part Tom qui fronce les sourcils. Je leur répond par un léger sourire et à Tom, je le questionne du regard.
Tom : C'est qui ce Alex ?
Moi (surprise) : Mon mari.

Bill recrache dans son assiette.
Bill : T'es mariée ?
Tom : Arrête ça m'fait pas rire, c'est qui ce gars ?
Moi : De toute façon tu verras par toi même, il vient dans trois semaines.
Tom : Tant mieux.

Je soupire, je n'arrive pas à le comprendre, il m'énerve.
Jessica (se levant) : Bon, on vous laisse débarrasser, nous on part, on vous laisse travailler.

Elle me conduit jusqu'à la porte avant que je ne l'arrête.
Moi : Attends. Bill, donne moi la clef de la chambre.

Il fouille dans sa poche et quitte la table pour me la donner.
Gustav : Tu ne viens pas dormir dans la mienne ?
Moi : Euh... non, Bill en a trouvé une pour moi. Merci quand même Gus'.

Nous ne nous attardons pas plus et quittons le studio.
Les heures ont défilé très rapidement, il est maintenant 22h. Nous n'avons fait que parler, elle m'a raconté sa vie, sa rencontre avec Georg, je lui ai raconté la mienne. Cette fille est vraiment de confiance, elle paraît tout contrôler, je l'admire d'ailleurs pour cela.
Jessica me propose de m'accompagner jusqu'à ma chambre, nous sommes dans l'ascenseur, les portes s'ouvrent.
Tout me rappelle ce moment, cette soirée. J'ai l'impression de la revivre. Les portes s'ouvrant, moi qui m'approche de sa chambre, inquiète et intriguée par SES bruits. Sa voix à lui, sa réaction, et sa façon de poser ses mains sur lui, sa façon de le toucher. Ses pensées m'obsèdent.
Jessica : Arrête de penser à ça, Elle n'en vaut pas la peine.

Sa main caresse mon épaule, je sors la clé de ma poche.
Jessica (me serrant dans ses bras) : Allez, à demain ma belle. Dors bien.

J'entre dans la chambre et ferme la porte.
Moi : Biiiill ? T'es là.

Voyant qu'aucune réponse ne me parvient je comprends.
Je visite cette chambre, elle est très belle, il y a en effet deux grands lits.
Un baillement chic m'échappe, mes paupières sont lourdes. Mes vêtements voltigent dans la pièce, je finis en sous vêtements. Les vêtements de Bill sont vraiment insupportables à porter.
Je me dirige vers sa commode, elle est vide.
Moi : Ah oui, on vient d'arriver !

Je regarde dans le dressing et y trouve une dizaine de valises. J'éclate de rire, il est pas possible !
Je fouille, trouve un short et un T-Shirt et les enfile.
Il faut que j'aille me coucher. Je me débrouille comme d'habitude pour me coucher. Le marchand de sable ne tarde pas pour déposer sa marchandise sur mes yeux...

Une lumière me dérange, le lumière du couloir. Une silhouette se dessine.
Moi : Bill ? Il est quelle heure ?
Bill : Oui, ne t'inquiète pas, il est 23h30.
Moi : Pourquoi tu ne rentres que maintenant ? Et comment t'as fait pour entrer ?
Bill : J'ai récupéré les doubles. Dors !

Plus tard, je le vois traverser la chambre, puis entends le bruit sourd de ses draps.

Un grincement parvient à mes oreilles, j'ouvre les yeux.
Moi : BILL !

Je le vois sur la pointe des pieds, l'air coupable. Il tourne lentement la tête un sourire vissé aux lèvres.
Moi : Ou est -ce que tu vas encore ? Il est 1h du matin !
Bill : J'avais envie de manger des saucisses.
Moi : T'allais descendre en pyjama à 1h du mat' pour manger des saucisses ?!
Bill : Bah v'oui...

J'explose de rire et me recouvre de mes draps. Du grand n'importe quoi ces Tokio Hotel !

J'explose de rire et me recouvre de mes draps. Du grand n'importe quoi ces Tokio Hotel !

Bien après, la porte s'ouvre à nouveau, dos à moi. Cette fois je reste dans mes draps.
Moi (à moitié endormie) : J'espère que c'était bon au moins.

Il ne répond pas, il doit être gavé le pauvre. Je sens un poids sur mon lit.
Moi : T'arrives pas à dormir, tu fais des cauchemars ? C'est pour ça que tu viens dormir avec Tata Déa ?

Aucune réponse, c'est pire que ce que je pensais.
Je sens son corps se rapprocher de plus en plus du mien. Une de ses mains me frôle le ventre avec délicatesse.
Je bouge un peu, gênée, histoire de séparer nos deux corps.
Moi : C'est bizarre, t'es silencieux, d'habitude t'es le premier à ouvrir la bouche.

Bill ne répond toujours pas, je laisse tomber et me décide à terminer ma nuit.

Un quart d'heure que je tourne encore et encore, le marchand de sable ne passera plus.
Moi : Dis Bill, tu sais ce qu'il a Tom ? (il ne répond pas) Bill... Bill, je sais que tu ne dors pas.

Pour toute réponse, il me caresse tendrement l'épaule.
Moi : Je crois que je devrais au moins m'excuser envers lui, tu sais, pour l'accident. Tom a toujours été gentil avec moi mine de rien. Bon c'est vrai qu'il peut être le plus gros salaud du monde ! Mais comparé a tout ce qu'il a subi à cause de moi...
Mais je ne sais pourquoi dès qu'il me parle, je le rejette. Au fond je sais très bien que c'est parce que si j'acceptais de lui parler, il ne me faudrait que trop peu de temps pour... pour laisser champ libre à mes sentiments. Mais ce qui me trahit le plus, se sont ses yeux, les -siens. A chaque fois que j'ose croiser son regard, j'ai l'impression de n'avoir vécu rien que pour voir cela. Rien que pour ses yeux. C'est pathétique n'est -ce pas ? Aussi pathétique que ma réaction tout à l'heure. Il jouait dans la salle d'enregistrement et j'étais collée à la porte, pleurant comme une madeleine. Puis je l'ai vu sortir, il avait pleuré. A la simple vue de ce spectacle, une douleur vive et physique au coeur s'est faite sentir. Parce qu'au fond je sais très bien que c'est à cause de moi. Mais, Bill, ce qui me blesse le plus dans tout cela, c'est qu'il joue avec moi ainsi qu'avec Elle.

Je m'arrête de parler. Quand je parle je ne m'arrête plus !
Bill est toujours dos à moi et ne parle pas.
Moi : Oh pardon, je te saoule avec tout ça, tu dormais. Excuse, bonne nuit mon petit Bill.

Brusquement, son corps semble tomber sur le mien, ses bras me serrent au possible. Son torse tremblant contre mon dos. Je sens sa tête qui s'est nichée sur mon épaule. Ses bras se referment toujours un peu plus sur moi, comme s'il voulait que nous ne fassions qu'un.
Ca me fait mal, mais je ne me plains pas, sentant quelques gouttes rouler sur mon cou. Il pleure, je souris paisiblement. Mes mains se posent sur ses bras, que je resserre contre ma poitrine. Nous dormons...

Un souffle chaud me caresse les oreilles. Des mots encore des mots me parviennent. Un sourire léger s'affiche sur mon visage. Je gémis quelque peu. Ma joue collée à son torse. Mon visage suivant les vagues respiratoires de sa poitrine. Je love ma tête un peu plus, percevant quelques mots soufflés :

« Ich seh dich – Siehst du mich ? Weit weg von hier – Durch Raum und Zeit – Zoom dich zu mir – Zoom dich zu mir – Ich zoom mich zu dir – Durch den Sturm durch der Kälte der Nacht und die Ängste in dir ... »

J'ouvre les yeux, ces paroles, cette mélodie... mais surtout cette voix.
Je me laisse encore bercer. Ses bras m'encerclent, sa bouche s'approche un peu plus de mon oreille, susurrant ces paroles :

(en FRANCAIS)

« Je te vois, me vois -tu ? Très loin d'ici, à travers l'espace temps, zoom vers moi. Zoom vers moi, je zoom vers toi. A travers les heures, dans le froid de la nuit. Et la peur en toi... »

Je lève la tête et le regarde, que dis -je, le contemple.
Moi : Depuis quand tu parles français ?
___ : C'est tout l'effet que ça te fait de me voir !
Moi : Tom, au moment même où tu m'as serrée dans tes bras. Au moment même où ta tête s'est posée sur moi, je t'ai reconnu...
Tom : Et ça ne t'a pas dérangé ?
Moi : D'après ce que je disais hier nuit, je me devais de te laisser parler.
Tom : Tout ce que tu as dis, tu le pensais vraiment ?

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Tom : Tout ce que tu as dis, tu le pensais vraiment ?

Mes bras se détendent et cessent de l'entourer.
Moi : Bien sûr, je pensais encore que c'était Bill.

Le silence s'installe dans la pièce, aucun bruit je vous dis. Tom semble resserrer, à nouveau, ses bras sur moi. Me forçant quelque peu à me rapprocher de lui.
Tom : Bébé, enfin, Andréa, je ne veux pas que tu te culpabilises. S'il te plaît. Ne pense pas que c'est à cause de toi que j'ai pleuré. Le seul fautif c'est moi. Je ne sais pas gérer ce que je ressens pour toi, c'est... c'est nouveau. J'ai fait des conneries, et je ne te mentirai pas, j'en ferai toujours. Mais je veux que tu saches que savoir que tout ça t'a fait souffrir et continue de te faire souffrir est la plus grosse des punitions...

Une de mes mains vient se glisser entre nous, sous son T Shirt.
Moi : Tu as bien dit « ce que je ressens pour toi » !?

Pour toute réponse, ses doigts de guitariste se posent sur mon menton pour l'amener à son visage. Ses lèvres sont maintenant à quelques centimètres. Je peux déjà sentir son souffle contre mes lèvres.
Autant l'accompagnement de mon visage était doux, autant son baiser est frontal et cash. Nos lèvres semblent se sceller pour ne jamais se quitter. Il me veut, je le sens bien. Nos langues dansent, se découvrent et se redécouvrent. Mon corps tout entier semble trembler contre le sien.
Quand nous séparons enfin nos lèvres, Tom me plante son regard, ce regard dans le mien. Qu'est ce que je l'attendais celui -là ! Son pouce parcourt mes lèvres avec attention.
Je le regarde, qu'est -ce qu'il a de beaux yeux ! Je laisse ma main, qui était sous son T shirt glisser vers son bassin.
Tom (amusé) : Déjà ! T'es rapide, mon coeur.

Je lui donne un petit coup sur la tête qui le fait sourire.
Moi (en me redressant) : Je vais me laver.
Tom : Attends je vais t'aider.

Il se lève du lit, en fait le tour et s'approche de moi, le sourire aux lèvres.
Tom : Viens par là toi.

Ses bras passent avec douceur sous mes jambes et mon dos, me soulevant. Tom ouvre la porte, la poussant légèrement de son pied gauche. Il me pose sur une chaise placée à côté de la baignoire et referme la porte sur nous deux.
Moi : Hum... je... euh...
Tom : Quoi, qu'est -ce qu'il y a ? T'es gênée maintenant, j't'ai déjà vue nue.

Je commence donc à enlever mon short, puis le T Shirt.
Moi : M*rde, mais pfffiou...

Le T Shirt est coincé au niveau de la tête. Je le tire dans tout les sens mais rien à faire.
Moi : 'tin, mais chiotte... Euh Tom tu pourrais m'aider ?

Il se tourne, une brosse à dent dans la bouche. Au bout de deux secondes, il éclate de rire.
Tom (pété de rire) : On peut pas te laisser sans surveillance deux minutes.

Il s'approche, la brosse à dents au bec. Il tire en tenant ma tête mais rien n'y fait.
Tom (rires) : Mais c'est quoi c'te grosse tête !
Moi : Arrête de rire, je commence à avoir mal.

Il s'arrête de rire net et commence à déchirer le T Shirt avec ses mains.
Moi : Bill va me tuer.
Tom : Mais quel idée de prendre un de ses T Shirts, je préfère que tu prennes les miens.

Le guitariste retourne se brosser les dents après m'avoir offert une douce caresse au visage.